Le biais de confirmation, contextes idéologiques, politiques, sociaux, émotionnels....
- sandrinechevreux
- 11 déc. 2022
- 4 min de lecture

Le biais de confirmation, c'est la tendance instinctive de l'esprit humain à rechercher en priorité les informations qui confirment sa manière de penser, et à négliger tout ce qui pourrait la remettre en cause. En somme, il s'agit d'une altération de la lucidité, voire de la mauvaise foi plus ou moins assumée.
Le biais de confirmation est notre tendance à sélectionner uniquement les informations qui confirment des croyances ou des idées préexistantes. C’est le Parrain de tous les biais cognitifs. Il sera encore plus prononcé dans des contextes idéologiques, politiques ou les contextes sociaux chargés d’émotions. L’être humain est le meilleur pour interpréter toute nouvelle information de façon à ce que ses conclusions précédentes restent inchangées. (Warren Buffett) Dan Gilbert, auteur de Et si le bonheur vous tombait dessus, illustre ce biais de la façon suivante : « quand la balance de notre salle de bains nous indique la mauvaise nouvelle, nous descendons et remontons de suite, juste pour être certain que nous n’avons pas mal lu l’écran ou mis trop de pression sur un pied. Mais quand elle indique une perte de poids (le Saint Graal !), ça nous met de bonne humeur pour le reste de la journée. En acceptant d’office les preuves quand cela nous arrange, et en insistant plus dans le cas contraire, on fait subtilement pencher la balance en notre faveur. » Ne pas réussir à interpréter l’information de manière impartiale est la cause de grossières erreurs de jugement. Il ne faut pas se contenter de tester nos hypothèses d’une manière unilatérale, mais se forcer à collecter toutes les preuves pertinentes, contradictoires ou non. Un bon moyen d’échapper à ce biais est de chercher à réfuter notre hypothèse plutôt que de seulement rechercher les preuves de sa validité.
Le biais de confirmation en action Pourquoi avons-nous tant de mal à accepter toute information qui contredit nos idées ? La première fois qu’ils entendent parler du biais de confirmation, les gens refusent souvent de croire qu’ils sont affectés. Après tout, nous nous considérons pour la plupart comme des gens intelligents et rationnels. Comment expliquer alors que nos croyances perdurent même face à des preuves évidentes ? C’est en partie dû à notre besoin de constance, de cohérence. Nous sommes bombardés d’information. Des médias, de nos collègues, de notre expérience, de nos amis. Notre cerveau doit trouver un moyen de trier et de stocker tout ça. Nous y arrivons par l’intermédiaire de raccourcis cognitifs et de nos modèles mentaux. Ils peuvent être utiles comme dangereux. Le biais de confirmation est un de ces raccourcis les plus inutiles et trompeurs qui soient. L’information que nous traitons est influencée par notre vécu, par toutes nos croyances préétablies. C’est pourquoi nous remarquons plus facilement ce qui conforte nos idées, et pourquoi tout élément contradictoire est reçu avec scepticisme. Notre manière même d’assimiler l’information est extrêmement biaisée. Constamment réévaluer notre façon de voir les choses demanderait trop d’efforts, du coup nous préférons la renforcer. C’est aussi beaucoup plus simple de ne considérer qu’une idée à la fois. L’œil ne voit que ce que l’esprit est prêt à comprendre. (Henri Bergson) Nous ignorons les preuves contradictoires indigestes pour nos cerveaux. Les recherches de Jennifer Lerner et Philip Tetlock ont montré que nous pensons de manière critique seulement quand les autres nous en tiennent responsables. Nous aurons moins tendance à être biaisés si nous avons à justifier nos croyances ou notre comportement. Mais ce n’est pas dans l’optique d’être rigoureux ou d’avoir raison, mais pour éviter les moqueries ou la dérision. Ignorer telle ou telle hypothèse est utile quand il s’agit de se ranger auprès de la majorité pour éviter l’aliénation sociale. Améliorer la prise de décisions Un des plus gros problèmes de notre époque est qu’il y a de larges groupes de personnes qui croient tous les bruits de couloirs, juste parce que ça conforte leur vision du monde – pas parce que c’est effectivement vrai ou parce qu’ils ont des preuves. Ce qui est remarquable c’est que ça ne demanderait pas beaucoup d’effort pour établir la vérité dans la plupart de ces cas…mais les gens préfèrent le réconfort à la recherche.(Neil de Grasse Tyson) Cela peut sembler contre-intuitif voire contradictoire, mais le meilleur moyen de réellement prouver nos croyances ou nos hypothèses est de chercher les preuves du contraire. L’infirmation est bien plus utile que la confirmation lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes. Les expériences scientifiques dignes d’être considérées sont réfutables ; il existe des cas où elles ne sont pas applicables. Une théorie qu’il est impossible de réfuter n’est pas considérée comme valide par la communauté scientifique, même si encore trop de chercheurs sont coupables du biais de confirmation. Il n’y a pas d’astuce simple pour éviter à coup sûr ce raccourci. Comme tous les biais cognitifs, il était là au départ pour nous aider à apprendre et à prendre des décisions rapides. Être conscient de son existence est probablement la meilleure défense possible. La prochaine fois que vous aurez une décision importante à prendre, au boulot par exemple, posez-vous les questions suivantes : • Avec quoi suis-je tombé d’accord automatiquement ? • Quels éléments ai-je rejetés ou ignorés sans même m’en rendre compte ? • Comment ai-je réagi quand j’étais d’accord ? Et quand je n’étais pas d’accord ? • Est-ce que cette présentation/réunion/discussion a confirmé des idées que j’avais déjà ? Pourquoi ? • Et si je considérais l’hypothèse contraire ? Prendre conscience du biais de confirmation n’est pas facile, mais avec l’habitude, il est possible de reconnaître le rôle qu’il joue dans notre façon d’interpréter l’information. En science, vous vous approchez de la vérité en cherchant activement des preuves de son contraire. Peut-être devriez-vous utiliser la même méthode pour vos opinions.
Source Université Paris Saclay
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